En 1936 Magdeleine, accompagnée de sa maman et d’Anne,
une jeune fille qui a reçu le même appel, arrivent en Algérie.
Un prêtre qui vit à Boghari à 180 km au sud d’Alger,
les accueille dans son village.
Magdeleine arrive là sans programme défini sinon celui de se faire proche de la population arabe et d’essayer de répondre aux besoins des plus pauvres. Ils sont nombreux et la maison est vite envahie.
De plus en plus sollicitée par les besoins des pauvres, Magdeleine connaît parfois des moments d’épuisement et de tentations pénibles. Un soir où elle est particulièrement accablée par sa misère et par un sentiment de culpabilité, elle est réconfortée et profondément transformée par ce qu’elle appelle simplement « un très beau songe ».
« Je revois tout comme si cela s’était passé hier.
Devant moi, marchaient deux ou trois saintes personnes, que je ne connaissais pas – et dans le fond à droite, se tenait la Sainte Vierge, tenant dans ses bras l’Enfant Jésus – un Enfant Jésus comme jamais de ma vie je n’aurais pu le réaliser parce que cela dépassait toute vision humaine –
je ne puis même pas le décrire parce que je ne trouve pas de mots autres que ceux de » lumière, douceur et surtout amour ».
Et la Sainte Vierge se préparait à le donner. Quel supplice !
J’étais bien sûre que ce n’était pas à moi qu’elle le donnerait,
car je n’avais ni le cœur ni l’âme assez purs pour une pareille faveur
et je restais dans le fond, pleurant plus que jamais mon indignité.
Je n’osais pas regarder
– et cependant attirée malgré moi,
je fus de plus en plus stupéfaite de voir passer
la première
puis la deuxième
puis la troisième personne
devant la Sainte Vierge et ne s’apercevoir de rien,
elles étaient si pieusement recueillies,
mais j’aurais voulu leur crier de regarder.
Alors je me suis trouvée toute seule devant cette vision et
c’est à moi que la Sainte vierge a donné son petit Jésus dans les bras.
Je n’ai plus alors pensé à mes péchés, mais à cette joie que je ne puis
pas non plus exprimer avec des mots humains. »
Tout au long de sa vie, Magdeleine garde une extrême discrétion sur ce événement
et c’est seulement après sa mort que le Père Voillaume, à qui elle s’était confiée,
a révélé aux petites sœurs qu’il s’agissait d’une profonde expérience spirituelle
qui l’avait bouleversée au plus profond de son être.