Étape de vie (2)

Dans l’article précédent nous avons parlé de l’étape du vieillissement, des fragilités qui s’installent…
Alors comment et où trouvons-nous la force de vie qui nous permet d’accueillir cette évolution?

L’itinéraire de chacune

Que nous soyons parties au loin ou restées en France, chacune est marquée par un passé qui a pétri sa vie, nourri son cœur.

« Aujourd’hui je ne peux pas vivre ici et là-bas, je garde quelques liens et surtout je chéris ces amis d’une autre façon. »

Loin de nos insertions de fraternité, notre vie communautaire -terreau de la rencontre des autres – s’accentue comme une aide précieuse.

« La proximité concrète avec le monde, accentuée par la distanciation sociale due à la pandémie, a évidemment diminué. Aujourd’hui ma principale proximité ce sont mes sœurs. »

Des peuples qui ont nourri notre cœur
Nourrir la joie d’être ensemble

« Cette vie communautaire dans une dépendance réciproque est un grand soutien, elle me permet de donner ce qui est encore possible de moi-même. »

« Il y a un chemin de bienveillance mutuelle, mais est-ce que j’accepte de dépendre de mes sœurs? Parfois en râlant, parfois joyeusement?

Lors d’une discussion rapide sur l’ajustement de taches à répartir :

« Notre dialogue fait d’écoute et de propositions m’a tout d’un coup touchée intérieurement et j’ai pensé : c’est ça notre vie ordinaire, fraternelle, dans une joyeuse simplicité. »

Inscrite dans l’être profond : la confiance

Comment accepter cette faiblesse sinon dans l’abandon confiant du premier jour qui a vu notre arrivée à la Fraternité?

« Au début de ma vie de petite sœur, j’étais « tout feu tout flamme » pour partir comme Abraham. Le feu est toujours là, au fond de moi, même si les forces, elles, diminuent de plus en plus »

« Il y a des mots que je me répète : « comme tu veux Jésus, quand tu veux, ce que tu veux ». Et aussi Seigneur aide moi à vivre cela pas à pas chaque jour. »

L’abandon nous le vivons plus ou moins facilement selon les circonstances, pourtant chacune s’accorde à dire qu’il est chemin de paix.
Abandon confiant de soi même pour tout ce qui est à vivre,
Abandon à Dieu dont la tendresse veille sur ceux que nous avons dû quitter.

Abandon confiant

Permanentes de la prière

Chaque jour la Parole de Dieu éclaire notre chemin

Chaque jour la Parole de Dieu nourrit notre chemin de relation avec Lui, avec les autres, avec nous même. Elle imprègne éclaire nos réactions, nos choix…

« Permanentes de la prière » pour implorer, remercier, confier… ceux qui nous le demandent et ceux qui ne le demandent pas.

La prière solitaire dans le désir d’un cœur à cœur avec Dieu, Lui qui crée le monde et qui remet tout entre nos mains.

Étape de vie

Rassemblées de différentes régions de France et du monde pour vivre ensemble l’étape de la vieillesse,
les petites sœurs de Toulouse constatent, avec un certain humour, leur dépouillement humain et la
conquête permanente pour la vie.

Un constat:

Énumérons quelques aspects de cette étape que tant d’autres personnes expérimentent:

  • Tous les petits changements d’horaires, de lieux, de réunions… troublent les rythmes, déstabilisent.
  • L’audition et la vue, moins précises, nous jouent des tours cocasses dans les relations au quotidien.
  • La mémoire s’amuse à cache cache avec les informations reçues, les dates à retenir, les objets…
  • Les articulations manifestent, parfois vivement, leur besoin d’attention, de renouvellement…
Où sont passées mes clés?

Allons-nous en rester là?

A la porte de la chapelle…

Si nous en restons à toutes nos limites,
qui sont bien réelles par rapport à hier,
nous glissons vers le regret, la nostalgie,
la tristesse alors qu’il reste de nouveaux
chemins à parcourir.

Nous ne pouvons plus nous activer dans
un « faire », n’est-ce pas temps d’accentuer
l' »Être »?

C’est Lui qui habille les fleurs des champs de beauté

« Ne vous faites pas de souci pour votre vie,
Dieu sait ce dont vous avez besoin. »

Évangile de Mat 6, 25-33

Dans ce partage attentif reviennent souvent
les mots d’ « Enfance spirituelle », un des aspects
importants de notre charisme.
Nous avons cherché, désiré… cette enfance spirituelle,
nous aurait-elle façonnées, un tant soit peu, tout au long du chemin sans que nous le percevions ?

C’est Lui qui nourrit les oiseaux

Continuité et renouveau

Le confinement, nos propres limites, entrainent une diminution des relations. Si on y regarde de plus près on s’aperçoit qu’elles ne sont pas absentes, elles se sont adaptées au réel!

Aujourd’hui nous avons besoin de soins, d’assistance ménagère, d’aide dans nos démarches informatiques et administratives, de relais pour la mobilité… Toutes ces personnes qui interviennent à nos côtés, sont des relations humaines qui demandent notre attention et nous permettent en même temps de rester ouvertes au monde actuel.

… et administratives.
Démarches spirituelles…

Si notre désir d’un « vivre avec » marque notre chemin de Fraternité, peut-être s’accentue-t-il dans un « comme » à l’étape des fragilités, notamment celles de l’âge.

Dans le prochain article nous poursuivrons sur les points forts qui nous aident dans cette étape du vieillissement.

Qualité de vie

Pour aborder ce temps favorable de notre quête de Dieu qu’est le Carême,
une des fraternités de Toulouse s’est interrogée sur la qualité de vie,
dans les circonstances à la fois de pandémie et de vieillissement.

 

Guetter les premières fleurs

Orientés vers le « faire »?

Nous faisons partie de cette société orientée vers le « faire », vers la quantité la rapidité…

« Je pense dans ma tête que je peux assumer telle ou telle situation,
que je peux prendre en charge telle démarche…
mais mon être ne suit pas,
du moins pas comme je le voudrais. »

« Parfois me gagne la mauvaise conscience d’être moins active. »

 

 

 

Présence au vécu d’aujourd’hui

 

Culpabiliser face au réel?

Accepter que les années se soient accumulées, c’est difficile,
en fait l’acceptation c’est surtout les limites du vieillissement :
lenteur des gestes et des paroles, attention défaillante, oublis…

« Je mesure de plus en plus ma finitude, mon impuissance, mes limites… »

 

 

 

 

 

Accomplir ce que je peux

Sortir de l’inconscience

« Une amie m’a raconté qu’un jour elle s’est arrêtée en chemin se demandant :
« Pourquoi je marche vite? »
Cette remarque m’a interpellée sur mes propres précipitations.
Si je ne peux pas « faire tout ce que je veux » est-ce grave? »

Il y a un certain dépouillement à ne plus pouvoir accomplir autant,
c’est le temps de la confiance, de l’abandon… là le Seigneur m’attend.

 

 

 

 

Question de regard :

Mon regard vers ceux qui, à travers nos familles, nos amis, et suite à la Covid,
ont tout perdu, vers ces étudiants qui dépriment, ceux qui n’ont pu accompagner
et revoir l’un des leurs hospitalisé, décédé…

 

Le regard bienveillant de l’autre en qui j’ai confiance,
qui m’éclaire sur mon propre chemin, mes choix.

 

Le regard de vérité sur moi même dans l’accueil de mon réel d’aujourd’hui,
mes limites, mes richesses… et aussi recevoir une sérénité qui s’installe.

 

 

 

 

La sérénité s’installe

Question de liberté ?

N’est-ce pas à moi de choisir comment je veux vivre?

« Si la première partie de ma vie au milieu du monde est derrière moi,
La suivante est un chemin de profondeur. »

Accueillir cette vieillesse en route, « c’est moi qui l’assume, sous le regard de l’autre. »

La qualité de la présence à ce que je vis au moment présent,
dans mes tâches quotidiennes, avec les autres,
c’est cela qui est important. Cette qualité de présence me rend libre.

 

 

Troisième appel

En dialogue avec Jésus

 

Grâce à un temps spirituel sur le dialogue entre Jésus et Nicodème,
Alice Ann, petite sœur à Anchorage en Alaska relit ce qu’elle nomme :

« Le troisième appel »

« Personne ne peut voir le Royaume de Dieu s’il ne nait pas de nouveau ».
Dit Jésus à Nicodème

 

 

 

Colombe de l'Esprit sur une personne
Dire « oui »

 

Premier appel:

Ce premier appel eut lieu lorsque je suis entrée dans
la communauté il y a plus de cinquante ans.
Tout quitter, famille, amis… pour l’inconnu
fut un véritable déracinement.
Mais la joie et le dynamisme m’ont permis ce pas décisif.

 

 

Coeur-Croix crèche
Un chemin, une spiritualité

 

 

Deuxième appel

Après de nombreuses années, vient un « Deuxième Appel »,
celui de répondre librement « oui » à ce chemin, cette spiritualité,
et m’y engager avec la communauté.

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Silhouette de personne âgée
L’âge avance

 

 

Troisième appel

Des années plus tard… arrive l’appel de la maison de retraite.
C’est le même genre de déracinement que lors du premier appel.
Seulement la joie et le dynamisme ne sont plus au rendez-vous,
plutôt une acceptation résignée.

L’éloignement de ma fraternité après toutes ces années m’a coûté.
Bien que d’autres petites sœurs vivent ici, je me suis sentie isolée,
désorganisée, avec l’impression de perdre mon identité de religieuse.

 

 

Jeux de cartes
Moments de convivialité

A l’écoute

En écoutant les autres résidents, j’ai pris conscience que nous partagions
la même expérience. Ils avaient fondé une famille, acquis une maison,
cultivé avec goût un bout de jardin… et soudain, généralement à la mort
du conjoint, tout leur est enlevé!

 

 

 

Alors que je nageais dans une piscine d’apitoiement,
une parole de la Bible est venue me rassurer, m’encourager:

« Je vivrai dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie ».
Psaume 27

Oui, peu importe où je vis parce que je suis dans la maison du
Seigneur, tous les jours de ma vie.

 

 

 

Sortie de mes murs

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Ma vie a de nouveau un centre.

J’ai cessé de me concentrer sur moi-même.
Lentement, je me sens être chez moi ici.
Des amitiés se nouent, une reconnaissance mutuelle s’installe,
dans un groupe nous échangeons des livres, avec un autre
nous regardons ensemble les match de football à la télé…

C’est le début d’une réponse au « troisième appel »!

 

 

 

 

Nicodème répond à Jésus:
« Comment est-ce que quelqu’un peut naître quand il est vieux? »

Jésus répond :
« Je te le dis, c’est la vérité, personne ne peut entrer dans le
Royaume des Cieux s’il ne naît pas d’eau et d’esprit.

Ce qui est né de la chair est chair.
Ce qui est né de l’Esprit est esprit. »

Jean 3, 1-21

 

 

Nouvelle étape

 

« Heureuse de tout ce que j’ai vécu,
Heureuse dans l’aujourd’hui,
J’aborde avec confiance une nouvelle étape. »

Par ces mots, à peu près identiques pour l’une et l’autre,
Thérèse et Bernadette expriment la même conviction au
moment d’entrer ensemble en maison de retraite.

 

Histoires de stationnements…

 

Étape de la vie nomade

Il était une fois… Thérèse et Bernadette.
Elles ne se connaissaient pas mais toutes les deux avaient le désir
de suivre Jésus dans le chemin de la Fraternité.
Toutes les deux souhaitaient vivre avec les populations nomades.

Des routes différentes passées par l’Algérie, la France, les Pays Bas…
Que d’histoires à raconter!

 

 

 

Bernadette s’active à la cuisine

 

Étape de la fête foraine

Et puis un jour leurs chemins se rejoignent, avec d’autres petites sœurs,
chez les forains qui circulaient dans l’Est de la France.

« Après un remplacement de petite sœur à la fraternité foraine,
je me suis plu dans ce milieu et depuis j’y suis restée. »

« Dans ma famille, quand une fête foraine s’installait dans la commune,
on aimait y aller. Alors ce fut une joie pour moi de retrouver ce monde
et cette fois du côté de ceux qui en vivent. »

 

Thérèse trie, prépare les paquets…

 

 

Le quotidien des forains ce sont les déboires sur les places,
l’incompréhension des gens, mais surtout une grande entraide.
Nous avons bénéficié de ce soutien, et l’avons partagé.

Nous  sommes comme une grande famille qui vit ensemble les
événements familiaux : ceux qui apportent du bonheur et ceux
qui affligent.

 

 

 

La caravane au fond de la cour

 

Étape de la sédentarisation

L’âge avançait, les santés se fragilisaient…
il fut temps d’arrêter les déplacements sans pour autant
quitter ce milieu de vie si riche d’amitié.

« Il y a 27 ans nous plantions notre caravane à Saint Dizier,
parmi d’autres forains dont les parents circulaient moins. »

 

 

Ranger les moules de l’artisanat

Nouvelle étape

« Quitter ce monde d’amitié, d’affection reste une étape difficile, se
retrouver entre quatre murs alors que l’on vivait pratiquement
dehors avec les autres… »

Nous nous rapprochons d’une fraternité dans l’Oise,
et nous éloignons donc de l’Est de la France.

Si les moyens de communications modernes peuvent adoucir la séparation,
nous savons bien que le goût de discussions autour d’une tasse de café
est irremplaçable.

 

La crèche : Dieu avec nous tous

 

 

 

« Pourtant, nourries de l’amitié, des liens tissés avec les forains,
d’autres voisins, des gens de la paroisse… et heureuses de tout
ce vécu, nous avançons sereinement vers l’étape suivante. »

 

 

 

Quel est mon désir?

 

Désir de rencontrer les autres, de s’ouvrir à une autre culture…

Sarojni, petite sœur originaire de l’Inde, découvre le continent Sud Américain
et plus particulièrement le Mexique. Tout un autre monde !
Un cheminement qu’elle nous partage.

Sarojni et Giuseppina

 

Grace  à l’accueil chaleureux de mes sœurs,
je me suis sentie vite à l’aise, heureuse d’être là.

 

Ce déracinement est une expérience importante pour moi.
Je remarque, que quelque soit le pays, le continent, assurer
son quotidien et celui de sa famille reste la préoccupation
de toute personne.

 

 

 

 

 

 

 

Pannes sur la route

L’esprit et le cœur ouverts ne suffisent pas pour aborder de tels changements.
Je suis tombée en panne plusieurs fois, à cause de la langue.

Quelle fatigue de ne rien comprendre.
Avec les cours d’espagnol, ça va venir petit à petit, alors patience.

 

La vie du marché

 

 

Apprendre autrement

Laissez-moi vous dire ce qui m’a aidée à entrer dans cette nouvelle vie…

 

Observer :

J’ai regardé les autres autour de moi,
et j’ai choisi ce qui était
le mieux pour avancer sur mon chemin.

 

 

Les trams toujours pleins

 

– J’ai vu mes sœurs aînées  fidèles, engagées, travailleuses.
– J’ai vu au marché les vendeurs qui se démènent,
– et aussi les personnes qui se précipitent au travail,
– les bus qui ne se vident jamais,
– les parents avec leurs enfants, etc.

Quelle bonne école pour aborder une nouvelle vie.

 

 

 

 

Participer aux célébrations

Participer :

Participer à des célébrations traditionnelles, à des groupes de partage…
autant d’occasion de rencontrer les autres et de mieux se connaître.

 

Travailler

Employée quatre heures par semaine dans une famille, principalement pour
le ménage,  j’éprouve la satisfaction de participer à notre vie économique.
De temps en temps, avec petite sœur Giuseppina, je vais aussi faire la
vaisselle dans une salle des fêtes.

 

 

Partager avec les autres

Quel est mon désir profond ?

Habituée à une vie régulière, j’ai été surprise par l’absence
de célébration durant le temps du confinement.

Ce fut une expérience unique et une question pour moi :

« Quel est mon désir profond ? »

 

 

 

Je remercie Dieu qui donne, à travers tout changement,
l’occasion de nous ouvrir, d’évoluer.
Quand nous nous vidons,
Dieu nous remplit de quelque chose de nouveau.

Je prends ce temps comme une grâce pour apprendre plus…

 

Revoir nos plans !

 

Sur un terrain des gens du voyage en Italie,
après quelques mois d’absence,
Chiara et Rania, redémarrent la fraternité avec Daniela et Sofia.
Désirs, projets, plans… s’élaborent et… volent en éclats.

 

Prendre le temps

Nous avons pris le temps de relire l’histoire de cette fraternité,
les relations construites depuis des années avec nos voisins.
Nous avons pris le temps de goûter les liens d’amitié,
sur et en dehors du terrain, tissés par celles qui nous ont
précédées et d’en être reconnaissantes.

Nous nous sommes partagées nos désirs, nos questions…
Daniela et Sofia entrent petit à petit dans cette histoire.

 

 

A nos pinceaux

Une autre réalité s’impose : le coronavirus !

Préoccupées par l’extension de la pandémie, la première
conséquence a été de revoir nos plans…
Et de choisir : « Je reste au camp »

Puisque nous ne pouvions circuler nous avons pris nos
pinceaux pour préparer une bonne réserve de pierres
peintes en espérant pouvoir les vendre l’été.

 

Préparer les aromates

Chemin Pascal

L’enfermement forcé et la violence de cette pandémie ont assombri le chemin vers Pâques.
Pourtant, comme le Pape l’a dit pendant la veillée pascale,

   « A l’heure la plus sombre, les femmes, ne fuient pas la réalité.
   Elles préparent les parfums pour le corps de Jésus »…

et nous en avons senti la bonne odeur.

 

 

Temps de solidarité

 

 

Il y a eu le parfum de la solidarité :

Tant de personnes se sont préoccupées d’aider nos amis gitans et nous mêmes :
colis, argent, médicaments, alimentation… à partager entre tous.

 

 

 

 

       

 

  Il y a eu eu le parfum de la prière :

Ayant plus de temps disponible, nous en avons offert davantage pour la rencontre avec Dieu.

– Entre nous à la fraternité, partage quotidien de la Parole de Dieu, intercession, louange.
– En solitude, un jour par semaine.

 

 

 

 

 

Les œufs de Pâques

Le parfum du jour de Pâques

On n’oubliera jamais Lucrezia, notre voisine, qui le matin de Pâques est entré
dans notre roulotte encore dans l’obscurité, avec une petite bougie allumée :

« Je viens vous donner la lumière du Christ Ressuscité. »

Et puis c’est la joie : la valse des assiettes de la fête et des œufs en couleurs qui
circulent dans tout le terrain.

Jésus nous l’avait dit qu’on le rencontrerait « sur les routes de Galilée »

 

 

 

Le baiser du petit Léo

Il y a eu le doux parfum des solutions inattendues…

Respecter les distances, mais alors comment s’embrasser?
Le petit Léo nous donne la solution :

– un jour il arrive chez nous avec un baiser dessiné sur un bout de papier!
– Mieux encore : il arrive un soir et profite de l’obscurité de notre baraque
pour nous embrasser.

 

 

 

Nous sommes heureuses de notre Galilée pour y reconnaître
Celui qui est vivant et qui vient à notre rencontre.

Egale dignité

 

« Faudra-t-il donc que jusqu’à la fin des siècles
il y ait toujours des groupes humains qui en
méprisent d’autres !… » 

 

 

Partager sa culture

 

 

Lorsqu’en 1951 Petite sœur Magdeleine parcourt le monde
pour y implanter des fraternités, elle découvre des situations
de haine, de conflits, de racisme, de supériorité d’un groupe
humain sur un autre…
Elle en est bouleversée et cherche sans violence mais avec
détermination, à stopper ce grave fléau partout où elle passe.

 

 

 

Elle exhorte les petites sœurs :

« Là où vous aurez passé, si petit que soit le passage,
il faut
que vous ayez supprimé cette barrière douloureuse
de
mépris et d’ironie qui sépare les milieux et les races. »

 

Rencontre internationale

 

Mise en commun des richesses

 

 

Ce désir d’unité est devenu si fort qu’il influence le choix
de certains lieux d’implantation des fraternités:
– dans deux villages opposés par des rancunes meurtrières,
– de part et d’autre des murs entre populations,
– parmi des peuples méprisés par les autres,
– dans des quartiers marginalisés…

 

« C’est trop affreux la haine et on la côtoie à chaque pas.
Les hommes s’entredéchirent moralement et physiquement. »

 

 

Et cela ne suffit pas, quel sens en effet auraient ces choix si entre nous
nous ne les vivions pas?
Chaque année une session de formation rassemble des petites sœurs de
tous les continents, lors des premières sessions cette internationalité
remplit de joie Petite sœur Magdeleine.

 

 « Je me prépare avec tant de joie à voir arriver plus
de deux cents petites sœurs des quatre continents »

Cela va poser le problème de langues, et surtout celui de
l’amour universel à cause des différences de tempérament,
d’opinion, qui peuvent faire terriblement souffrir entre les
races, peuples, nations, milieux.

C’est une occasion unique de dépister ce qui nous fait ne
trouver
bien que ce qui cadre avec notre tempérament,
notre culture et notre race. »

 

Une rosée bienfaisante

 

« Quel bonheur, quelle douceur d’être ensemble
C’est comme un parfum qui descend sur la tête
Comme des perles de rosées qui descendent sur les collines
C’est là que Dieu donne sa bénédiction, la vie pour toujours. »
Livre des Psaumes, 133

Confinées

Grille de portail
La grille s’est fermée

Une grille fermée, en précaution sanitaire,
ne veut pas dire rupture des relations avec les autres…

Que nous en ayons l’initiative ou qu’elle soit la leur, les
communications par téléphone, mails, réseaux sociaux
avec nos familles, amis, diverses connaissances…
nous font du bien.

Nous gardons soin les uns des autres
dans l’inquiétude ou la sérénité selon
les circonstances traversées.

 

Devant l'ordinateur
Garder des liens

Familles et vie sociale

Soutenir par téléphone le moral d’une parente  âgée qui se laisse dépérir
seule à la maison.
Puis soulagement en apprenant que sa fille au chômage décide de venir
près de sa mère.

Entendre la difficulté d’un neveu confiné à la maison. Il vit seul, de tempérament très actif, même avec un petit jardin il tourne en rond.
« Ce ne sont pas des vacances et mon salaire va s’en ressentir ».

Privée de rejoindre ses amies de tricotage, dans une maison de retraite à proximité de la fraternité, Martha garde le lien par téléphone. Ces petits signes d’amitié sont importants surtout pour ceux qui sont malades, seuls.

 

Rues désertes

 

Nos propres réactions:

« Ce confinement me pèse, c’est comme si ma liberté était entravée ».

« Le brouhaha de la ville, l’animation des rues, la foule des jeunes de
notre quartier universitaire, la paroisse… me manquent.
Nous sommes peu habituées à rester enfermées dans nos fraternités. »

Un jour Claude s’exclame :
« Quand ce sera fini, je pars toute une journée dehors,
vous ne me verrez plus jusqu’au soir »!

 

 

 

Prête à sortir pour les courses

 

Monde rural:

« Nous sommes à la campagne, nous sentons moins l’inquiétude.
Au marché, les clients restent à distance les uns des autres et
des vendeurs.

Le port du masque n’est pas unanimement répandu.
Si je me sens tranquille, l’une de nous exprime sa peur de sortir. »

 

 

 

 

En cité populaire

A quatre dans l’appartement, parfois on s’agace,
mais dans l’ensemble ça va.
Les voisins sont courageusement enfermés, pour le moment…
Maïté a recommencé à travailler, la chance !!!
Moi je dois encore attendre.

 

Confection de masques

 

Nous avons commencé la semaine dernière une petite fabrication de
masques pour nous et quelques voisins,
ça nous occupe et c’est un joli travail communautaire.

Notre logement étant au rez-de-chaussée nous pouvons parler avec des passants et voisins pour la grande joie de nos deux sœurs plus âgées qui ne sortent pas du tout.

 

 

Un soir de mars à 20 heures… Merci aux soignants

 

Pandémie

 

 

         Communiqué de la CORREF

               (Conférence des Religieux et Religieuses de France)

 

 

 

 

« ÉCOUTER »

À la demande de l’État, l’Église catholique de France, comme les autres cultes, a mis en place un numéro d’écoute et de soutien spirituel :

0 806 700 772 de 8h à 22h 7/7.

Souci donc de santé publique en quelque sorte. Car si la pandémie qui nous frappe, la catastrophe qui survient, le tragique qui entre avec violence dans les vies, les familles, les amours, posent bien des questions sanitaires, économiques, politiques, elles viennent aussi interroger le sens de nos vies, leurs grandes précarités. Toutes choses qu’au creux de nous-mêmes nous savons, mais oublions vite – heureusement sans doute – dès que le tourbillon des activités et des obligations reprend ses droits.

Ouvrir ce numéro, pour tous les religieuses et religieux qui se sont proposés comme écoutants, parmi bien d’autres, ce n’est pas chercher à promouvoir quelque chose, pas même la foi, ni davantage à vendre quoique ce soit. C’est juste bien pauvrement se rendre un peu présent à la détresse, à l’effroi, à la peine de tant et tant. À cette question infinie, « pourquoi ? »

De nombreuses initiatives ont lieu dans les diocèses, spécialement autour des équipes d’aumôneries hospitalières et qui font un travail magnifique. Dans des associations aussi comme le Secours Catholique. Tout cela est bien nécessaire, spécialement quand les si douloureuses questions des funérailles arrivent, avec leurs cortèges de drames supplémentaires en temps de pandémie et d’impossible rapprochement. Là, il s’agit seulement d’écouter, sans jugement aucun sur rien, pas plus moral que médical, religieux ou politique. Écouter comme un abri à la détresse, à la question, au désarroi, sans savoirs à assener.

C’est ce que modestement nous souhaitons offrir à tous, avec les autres confessions chrétiennes, avec nos frères et amis juifs, musulmans, bouddhistes. Être tous de minuscules combattants du lien quand la douleur, l’isolement, la mort, viennent délier, défaire nos existences. Offrir une hospitalité. Soutenir une espérance.

Sr Véronique Margron op. Présidente de la CORREF

0 806 700 772 de 8h à 22h 7/7